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Traversée de L'Islande du Nord au Sud (Hraunafnartangi/Skogar).

532 km à pieds, en solitaire et en autonomie totale.


Samedi 20 juin 2009 (jour 1)

Un an de préparation et je me retrouve enfin lancé dans ce périple.
L’excitation ainsi qu’un vent particulièrement favorable me font commencer a vive allure.
Le GPS m indique une moyenne de 6 km/h sur la première heure et demie. C est de la folie ! Je vais vite me calmer car la progression est difficile.
Même si le sol est d’une tendresse rare je dois effectuer des bonds pour aller de bute en bute.
On ne réalise pas bien sur la photo mais il y a parfois 50 cm de profondeur entre chaque bute.
J ai bien essayé de marcher en restant entre les butes mais il y a des frottements énorme et on doit faire plus en distance donc au final c est encore plus fatiguant !
 La seule solution est d allonger le pas ou de sauter.
Deuxième difficulté: Rien à l horizon! Je ne peux pas fixer de point a atteindre.
Je dois donc rester constamment concentrer sur mon GPS pour éviter les nombreux lacs que je ne distingue qu’au dernier moment.

Samedi 20 juin 2009 (jour 1)

Je suis parti avec un grand ciel bleu et en quelques heures le ciel se couvre donnant lieu à un spectacle magnifique. 
Nous sommes au mois de juin et en Islande. Le soleil se couche 2 ou 3h00 par nuit mais la lumière reste présente. 
C est de toute beauté mais mon sommeil en sera perturbé durant la totalité de mon aventure et malgré des journées épuisantes.

Dimanche 21 juin (jour2)

J' arrive (malgré un petit détour) à Asbyrgi et poursuis mon chemin vers le sud. 
Je vais alors commettre une erreur topo digne d un débutant. 
Je vais m enfoncer dans un canyon pendant 3,5km et me retrouver dans un cul de sac avec des falaises de plusieurs dizaines de mettre de haut totalement infranchissables. 
Je n ai pas le choix je dois faire demi tour. Et oui le 21 juin est bien le jour le plus long de l’année. 
7km de perdu enfin pas complètement car je vais découvrir un endroit magnifique. Une forêt luxuriante !

Lundi 22 juin 2009 (jour3)

Je poursuis la remontée du canyon qui est de toute beauté. Difficile de trouver les mots pour décrire ce paysage

Lundi 22 juin 2009 (jour3)

Je dois faire face à un gros problème !
J’étais absolument persuadé de pouvoir me ravitailler en eau a la fin du canyon dans un camping site.
Mais en fait leur camping site n’est qu’une simple zone de verdure réservée aux campeurs pour ne pas endommager la réserve naturelle.
Aucun aménagement, aucune infrastructure, pas d eau, la misère. Vous allez me dire pas grave sert toi dans la rivière et balance une pastille de micropur.
C est ce que je vais faire bien sur. Je me dirige donc vers la rivière et rempli une première bouteille.
L’eau est un peu trouble mais au bout de quelques secondes je me rends compte qu’elle est chargée de sable noir hyper fin.
Totalement infiltrable ! Putin de sable, il risque de me bousiller les intestins.
En plus je dois traverser une zone désertique jusqu’ au volcan (Krafla) puis redescendre aux pieds du lac Myvatn.
Je n’aurai pas d eau pendant au moins 50 km. Je tourne un peu en rond pour trouver une solution et je tombe sur une petit étendue d eau issue de la fonte des neiges.
L eau est limpide mais STAGNANTE. Que faire ? J ai le choix entre de la flotte chargée de sable ou de la flotte chargée de bactéries.
Je choisis la deuxième solution, balance une double dose de micropur et je ne tomberai pas malade. Je dois avoir une bonne étoile.

Mardi 23 juin 2009 (jour4)

Descente du volcan Krafla dans la lave et la neige.
Je ne suis pas très haut en altitude et la présence de neige m inquiète pour la suite. 
Si il y a de la neige ici qu’est ce que ca va être pour l'Askja ? L avenir nous le dira.

Mardi 23 juin 2009 (jour4)

Arrivée à Botni. Ils appellent ca des "huts" ici. Il s agit de refuges non gardés. Un vrai petit coin de paradis au beau milieu du Mordor.
Heureusement qu’il est la ce refuge car je ne vois pas ou j aurais pu planter l'abri dans toute cette lave.
De plus le vent souffle ! Il y a des matelas en mousse et des couvertures. C’est vraiment tout confort. J ai été surpris par la propreté de ces lieux.
Il y a un civisme et un respect exceptionnel en Islande. Rien a voir avec la France ou nos refuges non gardés sont saccagés.
En discutant avec des hikkers français, j apprends que dans les pays scandinaves, on peut même trouver des refuges non gardés avec de la nourriture en libre service.
Il y a juste à payer dans une boite. C est pas beau ca ???

Mercredi 24 juin 2009 (jour5)

Quelle galère ! Je m enfonce dans 20 a 30 cm de neige à chaque pas. L ascension aurait largement pu se faire en raquettes ou en ski de rando.
Le soleil tape et la neige se ramollit, je fatigue forcement mais le spectacle est de toute beauté. Je suis bien sur seul dans cet univers extraordinaire.
Aucune trace de pas. Il faut être un peu fêlé pour être la à ce moment la. Vous pouvez voir juste derrière moi le cratère du volcan. Immense !
Je le traverse avec le sentiment étrange que le volcan peut se remettre en activité a tout instant. Sans aucun doute la plus belle journée de ma traversée !

Mercredi 24 juin 2009 (jour5)

Le petit lac du cratère, d un bleu sublime. Il parait qu’on peut se baigner dedans. Eau a 30 degrés.
Mais je suis seul au monde, sans moyen de communication et s’il se met à pleuvoir je suis dans la merde car la progression sera encore plus difficile dans la soupe.
La route est encore longue pour redescendre et je ne sais pas ce qui m attends.
Je choisis donc de garder toutes les forces qu’il me reste pour la suite des événements. Dur, dur quand même de résister a l appel du lac.

Jeudi 25 juin 2009 (jour6)

Apres avoir vécu la journée la meilleure, je vais enchainer par la pire. 
Tout commence sous la pluie et dans le froid. Je longe le glacier le plus immense d’Europe (le Vatnajokull 8390km2). A la pluie, se mélange la neige. 
Le vent souffle ! Je ne peux m’abriter nulle part. Pas d arbres, pas de rochers ou alors très petits et mon abri me parait très difficile à fixer dans ce sable. 
Je décide donc de courir pour me réchauffer car même en marchant le plus vite possible j ai froid. 
J alterne 1 km de course et 1 km de marche environ. Je le fais vraiment à la sensation juste pour me réchauffer sans transpirer car ça pourrait être encore pire.
La solution s’avère être très efficace. Du coup je progresse très vite. Je vais réaliser ma plus grosse journée en termes de distance: 62KM !

Vendredi 26 juin 2009 (jour7)

Grosse journée dans le désert. La soirée est douce mais je ne trouve pas d’endroit pour bivouaquer.
Je cherche dans tous les coins mais il n y a vraiment rien d’exceptionnel. Je finis par me résigner à planter mon abri dans les caillasses et en plein vent.
Je croise les doigts pour que la nuit soit aussi douce que la soirée car mes ancrages au sol sont vraiment minables et en cas de tempêtes l abri ne fera pas long feu.

Samedi 27 juin 2009 (jour8)

Le paysage est lunaire. C'est magnifique !
Je n en peux plus mais c'est décidé. Ce soir je ne dormirai pas sur des caillasses.
Je marcherai jusqu’à ce que mort sans suive. Mais je veux mon coin de verdure !

Samedi 27 juin 2009 (jour8)

Miracle ! Je trouve enfin un tout petit carré de mousse moelleuse et tendre et verte et trop bien et je l aime cette mousse.
Le vent se calme et le soleil rayonne. Le paysage est magnifique. C’est un autre moment magique de cette traversée.
Apres 3 jours difficiles dans le désert, je revis. Je vais passer une nuit exceptionnellement bonne. Vive la mousse !!!

Dimanche 28 juin 2009 (jour9)

Landmanlaugar ! Je peux admirer le camp légendaire au loin. Il y a effectivement un petit ravitaillement. Le "green bus".
Il ressemble un peu a celui d "into the wild". Un couple de roots y vend quelques bricoles.
Noodles, snickers, fruits secs, pates, et bières. Le tout est stocké en vrac dans des cartons. J’adore ! Je prendrai 5 snickers pour enrichir un peu mon alimentation.

Dimanche 28 juin 2009 (jour9)

Les "Hot springs" !!! Ce n’était donc pas une légende ! Il pleut et il fait froid mais tout le monde est à poil dans la flotte.
La, il doit y avoir un truc. Je sais très bien de quoi il s agit et je fonce rejoindre tout le monde. C est un régal. Premier bain chaud depuis 10 jours.
Extraordinaire ! Je passerai 4h00 de récup dans cet endroit magique.
Je décide malgré tout de ne pas passer la nuit ici par peur de ne pas pouvoir repartir. En plus de ca je me sens en pleine forme.
Le temps est pourri et je dois grimper dans la neige pour changer un peu mais le bain m'a donné une énergie terrible. J ai l'impression de voler.

Lundi 29 juin 2009 (jour 10)

Direction Thorsmork et son parc naturel. Vous pouvez admirer le lac Alfavatn au loin. 
Aujourd’hui je ne fais que descendre et le sentier est balisé. C est une journée facile ! Je prends mon temps. 
Je croise quelques randonneurs mais il n y a pas foules car il est très tôt dans la saison. 
Malgré les difficultés je ne regrette vraiment pas d être parti à cette période.


Mardi 30 juin 2009 (jour 11)

Skogafoss. Le point d’arrivée de mon périple. Une chute d eau de 62m de haut et Skogar, la mer, le sud. J ai terminé.
J ai du mal à réaliser ! Je suis heureux mais épuisé. Je n aurai jamais été aussi loin dans l effort de toute ma vie.
Le temps est vraiment sans pitié dans ce pays. Les photos paraissent certainement idyllique mais il ne faut pas s y méprendre.
Les conditions sont vraiment usantes aussi bien moralement que physiquement. Surtout le vent !
Subir le vent pendant des dizaines d heures est absolument épuisant même s il fait très beau.
Les conditions sont changeantes et le corps doit constamment s’adapter. Je changeais de tenue parfois 10 fois par jour.
Je comprends maintenant pourquoi il s agit du pays des Vikings. Je garderai un souvenir exceptionnel de ce voyage à tous les niveaux.
J’espère que vous aurez pris plaisir à lire ce recit. Bon voyage à toutes et a tous !!!


Le Matos











La cartographie